À propos de l'expression : Bon appétit

"À première vue, souhaiter un «bon appétit» à son compagnon de table semble courtois. L’Académie française a intégré la locution dans la huitième édition de son Dictionnaire: «bon appétit» traduit selon elle de façon familière «une espèce de souhait qu’on adresse à quelqu’un qui mange ou qui va manger». Le mot est issu du latin appetitus qui signifie «vif désir», spécialement en parlant de nourriture. L’expression est d’ailleurs intégrée dans les dictionnaires traditionnels (Larousse et Robert). Les étrangers nous la piquent régulièrement depuis, en la prononçant... en français. 

Mais sommes-nous certains de son bon caractère? 

Car on suppose par cette formule que son voisin serait dépourvu d’appétit. Pire, que l'on doute de la qualité du repas, et qu’on lui souhaite à cet égard du courage pour le déguster. Seconde explication, la politesse exige qu’à table, tout ce qui a trait de près ou de loin à l’anatomie est passé sous silence. Or l’appétit est «l’inclination liée à une fonction naturelle, ayant pour objet le bien-être de l’organisme», selon la définition du Trésor de la langue française. «Bon appétit» revient donc à souhaiter une bonne ingurgitation, un bon transit intestinal. La courtoisie ne saurait souffrir une telle suggestion. Tout comme la politesse, qui «se fait remarquer par un rare discernement des convenances, par une fine et délicate attention à entrer dans les dispositions et à s’accommoder aux situations et aux désirs de chacun», note Jean Pruvost. Préférons ne rien dire du tout, puisqu’il va de soi, selon les règles de bienséance, que le plat préparé par celui qui vous reçoit est délicieux. Et même si ce n’est pas le cas. C’est là le charmant paradoxe de l’étiquette.

Depuis quand disons-nous «bon appétit»? 

 L’expression serait née il y a fort longtemps, en tout cas avant 1695, selon le dictionnaire. La Fontaine lui-même l’employa dans l’une de ses fables, ainsi que Victor Hugo, dans sa célèbre tirade de Ruy Blas : «Bon appétit! messieurs!». On raconte qu’elle serait apparue au Moyen Âge, période où les superstitions allaient bon train. On craignait alors de rendre l’âme en s’étouffant, ou par empoisonnement. Que les adorateurs de la formule se rassurent néanmoins! Il sera toujours de meilleure langue de souhaiter un «bon appétit» plutôt qu’une «bonne dégustation» ... "

Article publié sur Le Figaro-Langue Française par Margelonne de Gestas que vous pouvez lire et écouter en ouvrant le lienci-dessous

«Bon appétit», une formule de politesse (mais bannie par le savoir-vivre)

https://www.lefigaro.fr/langue-francaise 

https://www.lefigaro.fr/

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